Des chercheurs de l’Inra Occitanie Montpellier (Laboratoire de Biotechnologie de l’environnement) et leurs collègues américains viennent de faire une découverte majeure dans le traitement des eaux usées domestiques. Des travaux qui viennent d’être publiés ce mercredi 20 décembre dans la revue Scientific Reports.
Les scientifiques ont mis en évidence la transformation de boues activées en agrégats sphériques enrichis en cyanobactéries productrices d’oxygène, appelés photogranules. Ceux-ci ont potentiellement la capacité de traiter la pollution contenue dans les eaux usées sans apport extérieur d’oxygène et de produire une matière première valorisable en énergie et pour l’agriculture.
Si le traitement des eaux usées domestiques est maintenant généralisé dans les pays développés, l’empreinte environnementale du procédé est réelle, rappellent les chercheurs : 2 à 3 % de la consommation totale d’électricité est utilisée pour le fonctionnement des bassins de boues activées (c’est-à-dire des bactéries agrégées en amas granulaires suspendus dans l’eau usée, en particulier pour apporter aux bactéries l’oxygène qui leur est nécessaire pour minéraliser la matière organique et éliminer l’azote).
Cette découverte permet de proposer une alternative ingénieuse et prometteuse qui tire parti de la capacité de ces bactéries à former des agrégats sphériques et à fournir notamment de l’oxygène in situ à l’écosystème de dépollution.
Un peu de hasard…
Cette avancée scientifique est d’autant plus remarquable qu’elle a été faite par hasard. Une fiole renfermant de la boue activée avait été oubliée près d’une fenêtre… Contre toute attente, les scientifiques ont mis en évidence la transformation de cette boue activée en quelques semaines en présence de lumière en un granule quasi-sphérique. Un phénomène que les scientifiques ont pu reproduire avec des boues de provenances diverses.
« L’utilisation de photogranules dans le traitement des eaux usées bouscule le rôle traditionnellement dévolu aux stations d’épuration et couple dans un même procédé innovant une dépollution à faible empreinte énergétique avec un recyclage de la matière organique valorisable », expliquent les chercheurs.